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Paroles, paroles, paroles...
de
psychanalystes

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Y a-t-il malaise dans la psychanalyse?

Le nombre important de publications et de journées d’études interrogeant sa situation actuelle, son rapport à la culture ou sa transmission semblent indiquer que la question se pose pour les psychanalystes.

Ce souci est d’autant plus bienvenu que la psychanalyse pâtit aujourd’hui d’une réputation, au mieux has been, au pire réactionnaire…

 

Freud le premier, pensait le « malaise » comme un fait de structure qui doit toujours être réinterrogé, quel qu’en soit le lieu d’émergence. Dès lors, quelles seraient aujourd’hui les questions cruciales pour la psychanalyse?

Il ne s’agit pas là d’établir on ne sait quelle liste de « questions » produite par on ne sait quels experts de la chose analytique! Nous faisons plutôt le pari – qui est celui de la psychanalyse - que c’est toujours dans la rencontre singulière, ici avec des psychanalystes, que les questions peuvent émerger. 

 

Paroles, paroles, paroles… 

 

Nous souhaitons ici, à la suite de Freud et de Lacan, « revaloriser (…) cet instrument, la parole » (J.Lacan, 1964), au coeur de l'expérience analytique. Nous sommes donc allés à la rencontre de psychanalystes dans le lieu de leur pratique.  Il s’est agi d’entendre la façon dont chacun pense la situation actuelle de la psychanalyse, mais également les variations de style, les parcours singuliers, la façon dont a opéré pour chacun la transmission de la psychanalyse, et aujourd’hui, la façon dont seraient envisagées ses modalités. 

Plutôt que de chercher à former un consensus, nous avons souhaité entendre la pluralité des voix, comme autant de perspectives, y compris antagonistes.

Le style de ces échanges se veut autant que possible éloigné des protocoles qui structurent bien souvent les prises de parole publiques, laissant ouverte la possibilité de la surprise et de la singularité de chaque voix. 

À propos

Quatre analystes, de générations différentes, décident de mettre en partage les questions qui les agitent, afin d’en soutenir le cas échéant la confrontation, voire la dispute. 

 

Ils s’intéressent à ce que les différentes institutions psychanalytiques, associations, sociétés, écoles, disent de la situation actuelle de la psychanalyse. Comment pensent-elles son lien avec le politique? Comment se positionnent-elles au sujet de son exercice profane, soutenu par Freud, mais pourtant régulièrement mis en cause, parfois par les psychanalystes eux-mêmes? (1)

 

Comment ces institutions envisagent-elles la transmission de la psychanalyse? Est-ce en leur sein d’ailleurs qu’elle s’effectue? Comment les jeunes générations y prennent-elles place ? Et si la pratique de la psychanalyse ne saurait être garantie par un diplôme, quelle serait donc la place de la psychanalyse à l’université? 

 

Par ailleurs, à quoi tient la multiplication de ces institutions, issues des nombreuses scissions? De quelles inventions théoriques et pratiques témoignent-elles? Proposent-elles de confronter leurs idées avec d’autres, dans le champ même de la psychanalyse, mais aussi avec d’autres disciplines?

 

Dores et déjà, quelques échanges avec des collègues leur permettent de soutenir que de telles interrogations correspondent à un nécessaire débat, par delà les appartenances institutionnelles. 

 

L’expérience de Confrontation (2) les intéresse, en tant que faisant l’hypothèse de la possibilité de disputes. Ils vont rencontrer René Major, qui en était à l’initiative. Ils lui adressent leurs questions, ils l’écoutent leur raconter son parcours, ses points de vues sur la politique de la psychanalyse, dans l’après-coup de son engagement dans la vie institutionnelle. De là naît l’envie de poursuivre les rencontres, d’entendre ce que les analystes des années 2020 auraient à dire de la psychanalyse. 

 

Pour cela, il leur faut construire un dispositif permettant d’accueillir la position de chacun de ces psychanalystes, élaborer un cadre permettant que le style de ces échanges soit le plus possible éloigné des protocoles qui structurent bien souvent les prises de parole publiques.

La proposition est donc, dans le fil du dispositif freudien, d’élaborer puis de permettre la diffusion d’enregistrements de ces rencontres. Un deuxième temps d’enregistrement permettra éventuellement de préciser certains aspects.

 

Cette mise en ondes est rendue possible grâce au travail d’une cinquième personne, Anaïs Fleurent, qui n’est pas psychanalyste, mais monteuse-menteuse professionnelle, comme elle le dit, et nous permet de faire entendre le propos de chacun avec la qualité de son nécessaire.

 

La visée : laisser ouverte la possibilité de la surprise et de la singularité de chaque voix, pour que, peut-être, ces positions puissent faire débat.

 

 

C’est ce qu’ils essayent d’inventer, chemin faisant.

 

 

 

Paris, le 14 février 2023.

 

 

 

 

                                    Franck Chaumon

                                    Sandrine Jallade

                                    Armêl Mattmann-Jacques

                                    Mariana Orlandi

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1-  À cet égard, que penser de l’écho discret, voire de l’hostilité suscitée par le Manifeste pour la psychanalyse? Pourquoi les propositions qu’il recèle se sont-elles si peu discutées entre différentes générations d’analystes? Cf. Aouillé S., Bruno P., Chaumon F., Lérès G., Plon M., Porge E., Manifeste pour la psychanalyse, Paris, La Fabrique, 2010.

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2-  Groupe de travail né en 1973 au sein de la SPP, il devient rapidement une association indépendante, ralliée par des psychanalystes de différentes obédiences. Son objet est la recherche psychanalytique, dans la confrontation avec d’autres disciplines; elle ne dispense pas de « formation », ce qui en fait à l’époque une institution atypique dans le champ de la psychanalyse. Les Cahiers Confrontation rassemblent dès 1979 articles et exposés des rencontres organisées par l’association. L’aventure cessera en 1989, et sera suivie en 2000 par la convocation d’États Généraux de la psychanalyse.

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